Processus
Chaque œuvre sonore naît d’un geste d’écoute. Avant toute composition, il y a une présence au lieu : un temps d’immersion, d’attention aux résonances du vivant, aux textures discrètes que l’oreille seule ne perçoit pas toujours.
Captation : la matière du lieu
Les sons sont enregistrés à l’aide de microphones de contact posés sur les surfaces – troncs, pierres, verre, métal – ou de capteurs ultrasoniques révélant les fréquences hautes, souvent imperceptibles.
En milieu aquatique, des hydrophones permettent de capter les flux et les résonances profondes.
Ces enregistrements bruts sont ensuite travaillés : les ultrasons sont étirés, ralentis, afin de révéler leurs structures internes et leurs harmoniques cachées.
Empreinte spectrale : du réel à la forme
Chaque captation donne lieu à une analyse spectrale.
L’empreinte ainsi obtenue — distribution fréquentielle, densité, dynamique — constitue une carte vivante du lieu.
Elle sert de matrice, de matériau génétique à la composition : la pulsation du réel devient la sève de l’écriture musicale.
Composition : Opus Modus
À partir de cette empreinte spectrale, une composition algorithmique est développée dans l’environnement Opus Modus.
Les données issues des spectres orientent les hauteurs, les durées et les densités harmoniques.
La structure musicale s’élabore alors comme une traduction du lieu — un quatuor de cordes, de vents ou une formation électroacoustique, dont chaque pupitre dialogue avec les rythmes de la matière enregistrée.
L’écoute élargie
Ce processus relie directement le geste d’écoute, la mesure acoustique et l’écriture musicale.
Les œuvres deviennent des espaces à habiter, où le son prolonge les vibrations du monde dans une forme recomposée.
Entre document sensible et composition, elles ouvrent un territoire d’écoute augmenté.
Le son comme matière vivante : capter, analyser, recomposer, habiter.